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L’ESPRIT IMPÉRIAL

Pourquoi Français et Britanniques envisagent toujours le monde, et leurs propres pays, avec un esprit impérial ?

Phénomène protéiforme, les Empires français et britannique furent d’abord « informels » puis la course à l’empire à la fin du XIXe siècle établit des gouvernements directs. Après la poussée décolonisatrice des années 1960, les leviers de la puissance restèrent souvent aux mains des anciens empires ; on se mit alors à parler de néo-colonialisme. Mais les empires n’étaient pas seulement présents dans les Amériques, en Afrique ou en Asie. Ils se déployaient également dans les métropoles. Pour la plupart des Français et des Britanniques, la perte « là-bas » de possessions impériales paraissait coïncider avec l’arrivée « ici », menaçante pour leurs emplois et leur « mode de vie », d’immigrants issus des anciennes colonies. En réaction, de nouvelles hiérarchies furent imposées et de nouvelles définitions des identités nationales furent élaborées, faisant surgir une fracture coloniale aux lourdes conséquences au sein des sociétés britannique et française.

 

En retraçant l’histoire de deux empires depuis le XIXe siècle, Robert Gildea explique les mythes liés à leur création, puis leurs mutations. L’auteur, à travers une réflexion courageuse, originale et essentielle, montre ainsi que la perte de l’empire a fini par engendrer de nouveaux fantasmes d’empire, lesquels ont à leur tour aggravé les antagonismes coloniaux et influencé les choix politiques des sociétés contemporaines.

Historien anglais, formé au Merton College, Robert Gildea est professeur à l’université d’Oxford, où il occupe la prestigieuse chaire d’histoire contemporaine. Docteur, spécialiste de la France des XIXe et XXe siècles, il est notamment l’auteur de Comment sont-ils devenus résistants : une nouvelle histoire de la résistance française et de Marianne in Chains, pour lequel il a reçu le Wolfson History Prize.
Parfaitement francophone, l’auteur viendra régulièrement en France au printemps 2020 et peut répondre à des interviews.

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L’Atlas des Afriques

 

L’Afrique habite nos imaginaires mais son histoire reste méconnue. Ce récit passionnant court de l’aube de l’humanité au XXIe siècle et fait revivre les pharaons noirs, les richissimes royaumes médiévaux, les temps tragiques de l’esclavage et de la colonisation, l’enthousiasme des indépendances… jusqu’à s’arrêter sur les grands enjeux d’une Afrique émergente qui retrouve peu à peu sa place dans le monde.
Servi par une cartographie inédite, cet atlas met en lumière, par-delà les clichés, ce continent devenu incontournable.


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Sacré Bleu

par Matthew Spiro

 

Le journaliste britannique Matthew Spiro a interviewé Lilian Thuram dans le cadre de son livre ‘Sacré Bleu’ qui a été publié au Royaume-Uni le 28 mai 2020. Le livre retrace le parcours des Bleus
de son premier sacre mondial en 1998 au deuxième en 2018, en examinant le rôle du football et de l’équipe nationale dans la société française.

 

‘Sacré Bleu – from Zidane to Mbappé, a football journey’ tells the story of the French national team’s remarkable voyage from its first World Cup win in 1998 to its second in 2018. The book explores the relationship that French people have with the game of football, the crucial role of immigration in the history of Les Bleus, and the reasons why France produces such an astonishing number of talented footballers.

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Tu ressembles à une juive, par Cloé Korman

Cloé KORMAN
Tu ressembles à une juive

Je suis née dans une famille juive et sans religion, sans foi, indifférente aux rituels et aux institutions. La religion donne des repères artificiels à ceux qui ne savent pas décider pour eux-mêmes. Les États sont nécessaires mais ils mettent aussi les enfants dans des chambres à gaz. Ces choses-là ne m’ont pas été dites mais je l’ai su intuitivement, en grandissant dans cette société où le Front National augmentait régulièrement ses scores électoraux, où la géographie urbaine sépare les Blancs de tous les autres, où la police contrôle au faciès les adolescents de couleur, et dont les frontières se ferment aujourd’hui à ceux qui sont persécutés et qui cherchent un refuge, comme mes grand-parents en 1942. Par quel subterfuge, par quel art de la haine a-t-on réussi à isoler les Juifs des autres victimes du racisme, à ne pas voir dans les crimes antisémites le modèle des crimes d’aujourd’hui fondés sur l’origine et la religion ? Cet aveuglement entretient une société réactionnaire qui met au ban de nombreux groupes sociaux et conserve la logique antisémite. De Drancy à Clichy-sous-Bois, en passant par les cimetières de l’Est et les rivages de Méditerranée, ce livre est une enquête sur la perpétuation de la haine dans la France contemporaine.

 

Cloé Korman est née en 1983 à Paris. Elle a étudié la littérature, en particulier la littérature anglo-saxonne, ainsi que l’histoire des arts et du cinéma. Son premier roman, Les Hommes-couleurs (Seuil, 2010) a été récompensé
par le prix du livre Inter et le prix Valéry Larbaud, et s’est vendu à plus de 30 000 exemplaires. En 2013, elle publie au Seuil, Les Saisons de Louveplaine puis, en 2018, son troisième roman, Midi.

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« Réactiver le sens commun – Lecture de Whitehead en temps de débâcle » par Isabelle Stengers

 

Opposer les scientifiques à un « public prêt à croire n’importe quoi » – et qu’il faut maintenir à distance – est un désastre politique. « Ceux qui savent » deviennent les bergers d’un troupeau tenu pour foncièrement irrationnel. Aujourd’hui, une partie du troupeau semble avoir bel et bien perdu le sens commun, mais n’est-ce pas parce qu’il a été humilié, poussé à faire cause commune avec ce qui affole leurs bergers ? Quant aux autres, indociles et rebelles, qui s’activent à faire germer d’autres mondes possibles, ils sont traités en ennemis.

Si la science est une « aventure » – selon la formule du philosophe Whitehead –, ce désastre est aussi scientifique car les scientifiques ont besoin d’un milieu qui rumine (« oui… mais quand même ») ou résiste et objecte. Quand le sens commun devient l’ennemi, c’est le monde qui s’appauvrit, c’est l’imagination qui disparaît. Là pourrait être le rôle de la philosophie : souder le sens commun à l’imagination, le réactiver, civiliser une science qui confond ses réussites avec l’accomplissement du destin humain. Depuis Whitehead le monde a changé, la débâcle a succédé au déclin qui, selon lui, caractérisait « notre » civilisation. Il faut apprendre à vivre sans la sécurité de nos démonstrations, consentir à un monde devenu problématique, où aucune autorité n’a le pouvoir d’arbitrer, mais où il s’agit d’apprendre à faire sens en commun.

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Apprendre au XXIe siècle par François Taddei

 

Nous sommes en train de vivre une transition majeure dans notre évolution : le développement des intelligences artificielles et les découvertes en génétique posent des défis inégalés à l’espèce humaine. Comment faire pour que, dans ce monde en pleine mutation, l’éducation, la recherche s’adaptent suffisamment vite ? Quelle est la place de l’humain dans un monde de machines ? Comment s’appuyer sur la technologie pour développer nos capacités individuelles et notre intelligence collective ?
François Taddei plaide pour une (r)évolution de nos savoirs. Il nous entraîne dans les méandres du cerveau, meilleur ami et parfois pire ennemi des apprentissages. Il se penche également sur comment apprendre avec les autres, en coopération, à l’image de ce que font tous les organismes vivants depuis les origines de la vie, et explore les meilleures manières de commencer à se poser, si ce n’est les bonnes questions, du moins de bonnes questions.

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Dans l’ombre de l’autre rive

C’est le destin d’une vie à la croisée d’autres existences condamnées au sort d’une réalité qui surprend, choque, et brise l’étranger. C’est le combat pour être reconnu comme ayant les mêmes droits et capacités que les autres étudiants. Mais si la couleur de peau demeure à ce jour une raison d’exclusion dans une société de droit, quelle place pour l’humanisme?

 

L’auteur tente de répondre à cette question en décrivant une société française mixte. Un mélange qui n’est pas seulement dû à la présence des peuples de différentes origines, mais aussi par la cohabitation entre ceux qui reconnaissent l’universalité, l’unicité de l’espèce humaine, et ceux qui estiment que nos couleurs et nos origines font des uns ce que les autres ne doivent prétendre être.

 

Enfin, un regard sur la vie universitaire émaillée de fausses apparences de liberté et d’égalité, et sur une vision du monde occidental mal assimilée par les premiers venus qui placent l’étudiant étranger (Noir) à la marge de la société, et du cadre familial qui ne le reconnait pas comme membre à part entière.

 

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Le Triangle et l’hexagone

Réflexions sur une identité noire
Maboula SOUMAHORO

 

À l’intersection du Triangle Atlantique, celui de la traite négrière et de l’Hexagone, Maboula Soumahoro dialogue avec la grande et les petites histoires afin de nous livrer son propre cheminement et les obstacles humains, sociaux et intellectuels qu’elle a pu rencontrer avant de pouvoir se définir elle-même comme Noire.

Mise en vente :
06/02/2020
Cahiers libres
160 pages – 16,00 €

 

« Fille de l’Hexagone et de l’Atlantique, mon ascendance, mes origines, mes trajectoires et ma propre histoire m’inscrivent dans l’immensité culturelle, politique et intellectuelle de l’Atlantique noir, un espace géographique profondément façonné par l’Histoire. J’évoque cet espace, qualifié de triangulaire, qui a mis en relation de manière inédite et pérenne trois continents : l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Il englobe donc la Côte d’Ivoire et l’Afrique de mes parents, de même que l’Hexagone, mon lieu de naissance et de résidence actuelle après de nombreuses années passées outre-Atlantique, où je me suis construite intellectuellement. Chaque espace possède sa lecture particulière du corps et de l’expérience noirs. Je propose la mienne. »

Contact presse : Carole Lozano
01 44 08 84 22 / 06 76 97 62 20
carole.lozano@editionsladecouverte.com

 

Maboula Soumahoro est docteure en civilisations du monde anglophone et spécialiste en études africaines-américaines et de la diaspora noire/ africaine. Elle est maîtresse de conférences à l’université de Tours et présidente de l’association Black History Month, dédiée à la célébration de l’histoire et des cultures noires.

Le Triangle et l’Hexagone est son premier livre.

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Présentation de « De la postcolonie » par Achille Mbembe

Désormais classique dans le monde anglophone, ce livre est une puissante contribution à la critique de la tyrannie et de l’autoritarisme, cette facette inavouée et longtemps réprimée de notre modernité tardive.

Achille Mbembe interroge la manière dont les formations sociales issues de la colonisation s’efforcèrent, alors que les politiques néolibérales d’austérité accentuaient leur crise de légitimité, de forger un style de commandement hybride et baroque, marqué par la prédation des corps, une violence carnavalesque et une relation symbiotique entre dominants et dominés. À ces formations et à ce style de commandement, il donne le nom de postcolonie.

Si l’anthropologie, l’histoire et la science politique y ont leur place, cette réflexion est avant tout d’ordre esthétique, car elle porte sur la stylistique du pouvoir. Elle tire son inspiration de l’écriture romanesque et de la musique africaine du dernier quart du XXe siècle. En allant à la rencontre de la création artistique et des esprits des morts, ce texte montre que dans des espaces apparemment voués au néant et à la négation gisent des possibilités insoupçonnées, celles-là mêmes qui permettent de ressusciter le langage.

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Présentation de « Brutalisme » par Achille Mbembe

Toutes les sphères de l’existence sont désormais pénétrées par le capital, et la mise en ordre des sociétés humaines s’effectue dorénavant selon une seule et même directive, celle de la computation numérique.

Mais alors que tout pousse vers une unification sans précédent de la planète, le vieux monde des corps et des distances, de la matière et des étendues, des espaces et des frontières, persiste en se métamorphosant.

Cette transformation de l’horizon du calcul se conjugue paradoxalement avec un retour spectaculaire de l’animisme, qui s’exprime non sur le modèle du culte des ancêtres, mais du culte de soi et de nos multiples doubles que sont les objets.

Avec le devenir-artificiel de l’humanité et son pendant, le devenir-humain des machines, une sorte d’épreuve existentielle est donc engagée. L’être ne s’éprouve plus désormais qu’en tant qu’assemblage indissociablement humain et non humain. La transformation de la force en dernier mot de la vérité de l’être signe l’entrée dans le dernier âge de l’homme, celui de l’être fabricable dans un monde fabriqué. À cet âge, Achille Mbembe donne ici le nom de brutalisme, le grand fardeau de fer de notre époque, le poids des matières brutes.

La transformation de l’humanité en matière et énergie est le projet ultime du brutalisme. En détaillant la monumentalité et le gigantisme d’un tel projet, cet essai plaide en faveur d’une refondation de la communauté des humains en solidarité avec l’ensemble du vivant, qui n’adviendra cependant qu’à condition de réparer ce qui a été brisé.

 

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Qui suis-je

«Qui suis-je est une véritable invitation à la découverte d’un monde complexe à travers les yeux d‘un enfant de 12 ans. Ses yeux vifs et ingénus nous embarquent
dans un voyage riche de personnages attachants, capables de peindre un monde rempli d‘anecdotes colorées et dont l’inspiration découle de leur vie quotidienne.

Ce petit livre est le compagnon de classe parfait pour enfants et adultes, car il nous ouvre la porte vers des conversations authentiques sur des sujets tels que l‘identité, la diversité, l‘inclusion, les rôles sociaux, les regards multiculturels, l‘interactivité entre les différentes générations, la communauté, la communication, la bienveillance ainsi que la parentalité consciente. Les illustrations dans ce livre sont un vrai délice pour les yeux et l‘âme !» Jessica (35), Luxembourg

«Une histoire super intéressante avec des illustrations super cool. Mes amis et moi, en tant que lecteurs, pouvons même nous identifi er aux personnages principaux. Les anecdotes du livre sont à la fois drôles et sérieuses. Personnellement, j‘ai adoré lire ce livre et je suis vraiment curieux de connaître la suite ! Le livre est tout simplement génial!»

Hugo (11), Hamburg

 

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Les Noirs de Philadelphie

Les Noirs de Philadelphie
Étude sociale d’une ville

W. E. B. DU BOIS
Traduction de l’anglais (États-Unis), introduction et appareil critique
par Nicolas MARTIN-BRETEAU

Sciences humaines – 592 pages + Hors texte : Plan – 27,00 €

En 1899, parait aux États-Unis le livre fondateur de la sociologie américaine, équivalent au Suicide de Durkheim ou à L’Éthique protestante de Weber. En étudiant la formation du ghetto noir de Philadelphie, à partir des outils les plus modernes de la sociologie, l’enquête exhaustive et très vivante de W. E. B. Du Bois, pour la première fois traduite en français, apporte un vibrant démenti aux conceptions culturalistes, psychologiques ou biologiques des inégalités « raciales » et met au jour la continuation, sous d’autres formes, de l’héritage de l’esclavage.

À la fin des années 1890, W. E. B. Du Bois était l’un des Américains les plus diplômés de sa génération. Malgré de brillantes études qui lui permirent de soutenir un doctorat d’histoire à l’université Harvard, Du Bois ne trouva pas de poste d’enseignant dans les universités blanches auxquelles il pouvait légitimement aspirer. Cette situation l’incita à accepter en 1896 un contrat de recherche proposé par l’université de Pennsylvanie pour étudier la communauté noire de Philadelphie. Cette recherche mènera à la publication de The Philadelphia Negro: A Social Study en 1899 qui est pour la première fois, enfin, traduit en français.
Cet ouvrage est une étude de sociologie urbaine détaillant de façon exhaustive la formation du ghetto noir de Philadelphie, le Septième District de la ville. Du point de vue théorique et méthodologique, Du Bois y déploie tout son talent de sociologue mais aussi d’historien. D’une part, il cherche à comprendre les facteurs économiques et sociaux des inégalités raciales, proposant un contre-feu aux explications dominantes alors fondées sur l’infériorité biologique et culturelle censément innée des Noirs. D’autre part, contrairement à la sociologie pseudo-scientifique de son temps, Du Bois entreprend un travail d’une très grande rigueur dans la construction et l’étude de ses objets de recherche grâce à la collecte systématique et variée de données quantitatives et qualitatives. Ces deux dimensions montrent comment Du Bois a cherché par son travail à faire connaître la situation réelle de la communauté noire américaine afin de détruire les préjugés raciaux et, en conséquence, abolir les inégalités raciales.

William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963), l’une des plus grandes figures de l’histoire noire américaine, a été le premier Noir à obtenir un doctorat à Harvard. Il est à l’origine des premières recherches sociologiques et historiques sur la communauté africaine-américaine. Activiste politique, il participe à la fondation en 1905 du Niagara movement, puis à celle de la National Association for the Advancement of Coloured People en 1910, pour lutter en faveur des droits civiques et politiques des Noirs. Écrivain et essayiste, il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels le célèbre Les âmes du peuple noir (trad. La Découverte, 2007).

 

Nicolas Martin-Breteau est maître de conférences en histoire et civilisation des États-Unis à l’Université de Lille et membre du Centre d’études en civilisations langues et lettres étrangères (CECILLE). Ses recherches portent sur l’histoire africaine-américaine. Il travaille actuellement à une histoire du préjugé racial aux États-Unis, ainsi qu’à une recherche sur le mouvement Black Lives Matter.

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