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De l’indigène à l'immigré de Pascal Blanchard et Nicolas Bancel

De l’indigène à l’immigré

 

À la fin du XIXᵉ siècle, la France règne sur un immense empire : Maghreb, Afrique noire, Indochine… L’idéologie coloniale élabore un modèle de l’«indigène», sauvage que la République va doucement amener aux lumières de la «civilisation». Après 1945, le mythe de l’assimilation potentielle des peuples colonisés se brise sur l’écueil de la guerre d’Algérie, puis des indépendances. L’image de l’immigré supplante progressivement celle de l’indigène. Aujourd’hui, la perception des immigrés de l’ex-Empire témoigne d’un retour des stéréotypes coloniaux. Pascal Blanchard et Nicolas Bancel appellent à une analyse critique de cette page d’histoire, occultée depuis trente-cinq ans. Ce travail de mémoire permettrait de dénouer en partie les passions autour de l’immigration, enjeu majeur pour une société dont l’un des piliers fondateurs reste l’intégration.

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L'Invention de l’homme noir : Une critique de la modernité

L’Invention de l’homme noir : une critique de la modernité

 

Cet ouvrage est une critique des regards portés sur l’homme noir, à la fois par l’autre et par lui-même. Se situant dans des temporalités différentes, l’auteur nous invite à interroger les imaginaires qui ont consciemment ou inconsciemment construit l’image du Noir. Cet essai se veut une contribution à la réflexion du devenir Noir, indissociable de l’humanité entière. Seront convoquées de nombreuses sources, telles l’histoire, l’anthropologie et la philosophie.

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Se défendre Une philosophie de la violence

 

Du jiu-jitsu des suffragettes aux pratiques insurrectionnelles du ghetto de Varsovie, des fusils des Black Panthers aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie philosophique de l’autodéfense politique. Une histoire de la violence née de cette ligne de partage qui oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » et ceux qui, désarmés, sont laissés sans défense à la lumière de Frantz Fanon, Michel Foucault et Judith Butler.

 

En 1685, le Code noir défendait « aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons » sous peine de fouet. Au XIXe siècle, en Algérie, l’État colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s’armer. Aujourd’hui, certaines vies comptent si peu que l’on peut tirer dans le dos d’un adolescent noir au prétexte qu’il était « menaçant ».Une ligne de partage oppose historiquement les corps « dignes d’être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce « désarmement » organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.

Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l’insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l’autodéfense politique. Sous l’histoire officielle de la légitime défense affleurent des « éthiques martiales de soi », pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu’elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.

 

Elsa Dorlin, professeure de philosophie à l’université Paris 8, est notamment l’auteur de La Matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française (La Découverte, 2006) et de Sexe, genre et sexualités : introduction aux philosophies féministes (PUF, 2008).

 

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L’Homme prédateur

 

Le 21 mai 2001 fut publiée au Journal officiel la loi reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme « crimes contre l’humanité ».Françoise Vergès revient sur l’extraordinaire capacité de l’esclavage à s’adapter aux nouvelles technologies comme au progrès social et juridique. Hier, la prédation signifiait razzias, guerres, kidnapping ; aujourd’hui, guerres et enlèvements perdurent comme sources d’asservissement, auxquelles il convient d’ajouter la fabrication par la violence économique de vies vulnérables et fragiles.Il est temps d’étudier les politiques et les économies de prédation non comme des traces de l’arriération, mais comme des formes régulièrement réinventées, tout à fait compatibles avec l’existence de discours humanitaires et une économie du profit.

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101 poèmes et quelques contre le racisme

 

Sans doute toute poésie est-elle en son fond anti-raciste, dans la mesure où elle est parole partagée, conjugaison du réel le plus singulier et de l’universel, à la fois concrète et abstraite, dans la mesure aussi où elle est toujours, quelle qu’en soit la forme, refus de l’enfermement de l’individu dans ses limites étroites. « Je est un autre » disait Rimbaud et on sait comment l’affirmation de cette altérité des êtres, de cette part d’inconnu qu’ils portent en eux, a ouvert la voie à tout un aspect de la modernité qui a cherché (et cherche toujours) à explorer ces territoires étranges. Mais reconnaître l’autre en soi n’interdit pas (au contraire) de reconnaître soi en l’autre. Car l’autre est aussi un « Je ». Ainsi donc, toute poésie est-elle anti-raciste et on aurait pu à l’appui de cette assertion faire ici un bouquet de poèmes sur des sujets très divers sans sortir du thème pour autant. Mais il est des moments où les choses les plus évidentes « vont mieux en les disant ».

 

Quand on voit se développer dans notre société la haine de l’autre, la xénophobie, les vieux réflexes qui font qu’impuissant à affronter les causes réelles de la situation on désigne de commodes boucs émissaires, il est compréhensible que de nombreux poètes éprouvent le besoin d’intervenir plus directement. Certes, on ne peut pas demander à la poésie de résoudre les problèmes de la société, mais on ne saurait lui interdire de s’en mêler. La poésie est après tout une forme de la conscience, c’est-à-dire une expression de la pensée et de la sensibilité d’une époque. Or on sait bien que les préjugés racistes ne mettent pas seulement en mouvement des idées, des conceptions, mais aussi des images plus ou moins conscientes et des sentiments.
Il est donc normal et nécessaire qu’en la matière la poésie aussi ait voix au chapitre. C’est pourquoi les éditions Le Temps des Cerises se sont adressées à de nombreux poètes contemporains, en majorité français mais aussi quelques étrangers, pour composer cette anthologie. Elle présente quelques poèmes aujourd’hui « classiques » sur le sujet et une grande majorité de poèmes nouveaux et inédits.

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I Am Not Your Negro

 

« Ce que les Blancs doivent faire, c’est essayer de trouver au fond d’eux-mêmes pourquoi, tout d’abord, il leur a été nécessaire d’avoir un nègre, parce que je ne suis pas un nègre. Je ne suis pas un nègre, je suis un homme. Mais si vous pensez que je suis un nègre, ça veut dire qu’il vous en faut un. »

 James Baldwin.

 

Dans ses dernières années, le grand écrivain américain James Baldwin a commencé la rédaction d’un livre sur l’Amérique à partir des portraits de ses trois amis assassinés, figures de la lutte pour les droits civiques : Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr.

Partant de ce livre inachevé, Raoul Peck a reconstitué la pensée de Baldwin en s’aidant des notes prises par l’écrivain, ses discours et ses lettres. Il en a fait un documentaire – salué dans le monde entier et sélectionné aux Oscars – aujourd’hui devenu un livre, formidable introduction à l’œuvre de James Baldwin. Un voyage kaléidoscopique qui révèle sa vision tragique, profonde et pleine d’humanité de l’histoire des Noirs aux États-Unis et de l’aveuglement de l’Occident.

James Arthur Baldwin (2 août 19241er décembre 1987) est un écrivain américain auteur de romans, de poésies, de nouvelles, de théâtre et d’essais. Son œuvre la plus connue est son premier roman, semi-autobiographique, intitulé Go Tell It on the Mountain (en français : Les Élus du Seigneur) et paru en 1953. Après une enfance à Harlem et une jeunesse à Greenwich Village, Baldwin a vécu la plus grande partie de sa vie exilé en France, à Paris puis à Saint-Paul-de-Vence.

Raoul Peck est cinéaste de fiction – il a raconté la dictature de Duvalier (L’Homme sur les quais, 1993) et la décolonisation au Congo (Lumumba, 2000) – et documentariste : il a chroniqué l’exil des siens (Haitian Corner, 1988) ou les ravages de l’aide internationale dans son pays, Haïti (Assistance mortelle, 2013). Homme politique, il a été ministre de la Culture à Port-au-Prince de 1995 à 1997. Il est également producteur et président de la Fémis.

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Exclure au nom de la race

Exclure au nom de la race

 

Le racisme sert d’abord à exclure et ne s’embarrasse pas de logique scientifique. Il invente la race quand il en a besoin : race italienne aux États-Unis pour rejeter les wops, race irlandaise au Royaume-Uni pour barrer le chemin du pouvoir aux singes blancs d’Ulster… L’équipe d’universitaires du Groupe de recherche sur l’eugénisme et le racisme (Université Paris VII) s’est penchée sur l’approche anglo-saxonne des relations entre les races en étudiant la discrimination raciale dans trois aires culturelles : États-Unis, Irlande et Grande-Bretagne. Cet ouvrage sape les bases théoriques du racisme anglo-saxon, à commencer par sa très fréquente caricature du darwinisme. Il est notamment montré comment la logique de l’anthropologie darwinienne débouche, à l’encontre de cette interprétation frauduleuse, sur la solidarité et non sur l’exclusion. Il aborde aussi le thème de la représentation de l’Autre (comme représentant d’une race) dans le cinéma et à la télévision.

Michel Prum est fondateur du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme en 1998, composante du laboratoire « Identités, Cultures, Territoires » (EA 337), qui étudie le racisme et l’eugénisme dans l’aire anglophone.

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Une histoire du racisme

Une histoire du racisme

 

Les formes du racisme sont innombrables. Toutes ont une origine, une date et un lieu de naissance. C’est à l’étude de leurs généalogies multiples qu’est consacré ce livre. Survolant le monde gréco-romain, le Moyen Age et l’âge classique, il s’attache plus particulièrement aux avatars du racisme aux XIXe et XXe siècles, de l’Affaire Dreyfus à la Shoah, du racisme colonial aux problèmes de l’immigration dansla Francecontemporaine, et du génocide des Arméniens aux grands crimes de masse qui ont ensanglanté ce dernier demi-siècle.

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Du racisme français

Du racisme français

 

Depuis le Code noir (1685), rares sont les intellectuels ou dirigeants français qui ont remis en question le socle raciste sur lequel repose notre regard sur » les noirs « , africains ou antillais. Les récentes saillies négrophobes d’Hélène Carrère d’Encausse, Alain Finkielkraut ou Nicolas Sarkozy ne sont pas de malheureux dérapages mais la continuité désolante de préjugés nourris depuis quatre siècles. Qui, en France, sait que Saint-Simon, Bossuet, Montesquieu ou Voltaire ont commis, sur ces questions, des pages monstrueuses ? Que Renan, Jules Ferry, Teilhard de Chardin, Albert Schweitzer ou encore le général De Gaulle leur ont emboîté le pas ? Le pays des Lumières et des Droits de l’homme n’aime pas se voir en ce miroir-là. Odile Tobner révèle que la négrophobie fait pourtant partie de notre héritage. Il est temps de décoloniser les esprits. Enfin.

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La Femme noire qui refusa de se soumettre

La femme noire qui refusa de se soumettre

 

Oskar Éditions, 2006
« Rosa, va te coucher. – Non, je reste à côté de toi. Rosa était blottie sur le sol près de son grand-père. Elle avait six ans. Il faisait nuit et on entendait parfois des cris dehors. On lui avait dit drsquo;aller se coucher tout habillée au cas où il faudrait quitter la maison le plus vite possible. Mais au lieu d’aller au lit, elle avait rejoint son grand-père assis dans son rocking-chair : près de la cheminée. Pas pour qu’il lui raconte des histoires… Pour être à ses côtés quand les Blancs surgiraient dans la maison. Des Blancs qui tuaient des Noirs. » Une histoire vraie : celle de Rosa Parks qui, en refusant de céder sa place dans un bus à un homme blanc et en étant arrêtée par la police pour cela, a déclenché une prise de conscience de la communauté noire, puis de la société américaine toute entière. À la suite du récit : un dossier illustré sur l’histoire des Noirs aux États-Unis et leur ségrégation.

Éric Simard, Illustrations : Carole Gourrat

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De la traite des Noirs à nos jours

Le racisme – De la traite des Noirs à nos jours

 

Le racisme brise les relations de fraternité entre les hommes. Mesurer les souffrances endurées, comprendre comment le racisme s’est insinué dans la société à des époques et dans des contextes différents permet au jeune lecteur de mieux évaluer les enjeux de la lutte contre le racisme.

Philippe Godard est un écrivain, un journaliste et un directeur de collections pour la jeunesse. Il a publié des biographies documentées de Che Guevara, Malcolm X, Gandhi et divers documents sur les affaires du monde. Il intervient dans des collèges et des lycées discuter du racisme, du sexisme etc. Il écrit régulièrement dans le journal Le Sarkophage.
Louis Sala-Molins, Professeur de philosophie politique et de droit à l’Université de Toulouse II – Le Mirail, Louis Sala-Molins a travaillé àla Sorbonne sous l’égide du philosophe Vladimir Jankélévitch. Il intervient en tant qu’expert dela Fondation.

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L’Afrique aux Amériques. Le Code Noir espagnol

 

Cent ans après le Code noir français la couronne espagnole ordonne à un juriste de l’île de Santo Domingo de formuler le Code noir Carolin. Louis Sala-Molins nous donne une traduction commentée de ce code. Finalement non promulgué il n’en demeure pas moins d’un intérêt certain eu égard à la préoccupation des autorités coloniales et des esclavagistes pour une réforme du traitement des esclaves allant dans le sens de meilleures conditions de vie et de travail.

« Esclavage Réparation. Les lumières des capucins et les lueurs des pharisiens », 2014, Editions Lignes

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Le Code noir ou le calvaire de Canaan

 

« Le Code Noir raconte une très longue histoire qui commence à Versailles, à la Cour du Roi Soleil, en mars 1685 et se termine à Paris en avril 1848 sous Arago, au début de l’éphémère IIe République. En très peu de pages, avec l’aridité qui convient au sérieux des lois, il raconte la vie et la mort de ceux qui n’ont pas d’histoire. » Et l’auteur de conclure que « ni la Raison, ni les Lumières, ni la Révolution, ni évidemment l’Empire n’ont pas tellement de quoi pavoiser, de quoi pouvoir faire honte aux voisins. »

Publié pour la première fois en 1987 dans la collection « Pratiques théoriques », cet ouvrage replace le Code Noir dans sa filiation théologique, philosophique et juridique. Il le confronte aux réalités de l’esclavage et à la critique philosophique de son temps, dont il marque cruellement les limites. Par loi, la France a qualifié en 2001 traite et esclavage de « crime contre l’humanité ». Crime imprescriptible donc. Mais choisissant explicitement d’ignorer ce qu’« imprescriptibilité » veut dire, le législateur a refusé de répondre à trois questions : que doit-on réparer, qui doit réparer et comment réparer ?

« Le Code noir ou le calvaire de Canaan », Louis Sala-Molins, 1987, PUF

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Les misères des Lumières. Sous la raison l’outrage

 

Avec Louis Sala-Molins, « le Code noir sous la main », remontons le temps jusqu’au XVIIIe siècle et parcourons cette période faste de l’histoire de France : celle des Lumières, de ses grands noms – Montesquieu, Rousseau, Diderot, Raynal, Condorcet… – et de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ». Nous avons dit Lumières. Nous avons dit Droits de l’homme. Nous avons dit Egalité. Nous avons dit Justice et Humanité. Pour autant, il suffit de surprendre l’embarras d’un Montesquieu ou d’un Condorcet devant l’horreur de l’esclavage pour voir qu’il n’en est rien. Les Lumières biaisent, trichent et la Raison, ainsi outragée, cède devant les besoins du commerce et les nécessités de l’ordre public. Avec Les Misères des Lumières. Sous la Raison l’outrage, Sala-Molins nous livre une réflexion fondamentale sur la mémoire et l’histoire. Ce faisant, il dénonce un long, scandaleusement trop long silence de l’historiographie française sur un chapitre pluriséculaire de l’histoire de France.

« Les misères des Lumières. Sous la raison l’outrage », 1992, Homnisphères

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L’Invention de la diversité

 

« Liberté, égalité, diversité » : les fondements de la République française doivent-ils être reconsidérés au nom de la modernité ? Au-delà de sa dimension apparemment consensuelle, la diversité interroge les tensions entre politique d’égalité et politique de l’identité, république indivisible et société de la reconnaissance. Entre universalisme et multiculturalisme, s’agit-il d’un nouveau paradigme occultant ou repensant les rapports de pouvoir et la question ethno-raciale ? Ce livre répond à ce questionnement en se fondant sur une lecture critique des rapports institutionnels, des accords collectifs, des chartes et des déclarations sur la diversité. Il s’appuie également sur une enquête qualitative auprès de plus de cent soixante responsables de différents champs de l’espace public – politique, institutionnel, professionnel, syndical, associatif, religieux et universitaire. À l’issue de cette recherche, l’invention de la diversité peut être qualifiée de politique non pas seulement parce qu’elle incarne l’avènement d’un sujet légitime de politique publique, mais aussi et avant tout d’un principe de justice. À l’instar de la promotion de la parité, celle de la diversité contribue en effet à conditionner le principe fondateur d’égalité à son utilité au nom d’un libéralisme économiquement et moralement vertueux. Sacrifier l’égalité comme principe à la valorisation de la différence comme valeur pragmatique moderne, ne revient-il pas, en définitive, à rendre politiquement correcte une forme larvée de sexisme et de racisme « bienveillants » ?

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