Homo domesticus

Homo domesticus

Servi par une érudition étourdissante, une plume agile et un sens aigu de la formule, Homo domesticus nous
offre une synthèse brillante et sans équivalent de la naissance de l’État au Néolithique. Prenant à contre-pied
le grand récit de l’État comme vecteur majeur de la « civilisation », cette fresque omnivore et iconoclaste
révolutionne nos connaissances sur l’évolution de l’humanité.

Pourquoi l’être humain s’est-il sédentarisé ? On croit le plus souvent qu’ayant progressivement domestiqué la faune et
la flore, l’espèce humaine a développé l’agriculture, puis constitué des villages, des villes, jusqu’à des structures
collectives plus importantes. Historiquement, les premiers États étaient pourtant loin de posséder une force
d’attraction irrésistible sur les populations, plus volontiers captivées par le luxe et les opportunités du jour. C’est
principalement par le biais de diverses formes de servitude qu’ils ont en définitive fixé une bonne partie de leur
démographie. La recherche archéologique donne même à penser que, d’un point de vue matériel, l’existence en
dehors de la sphère de l’État, l’existence barbare, a sans doute été souvent plus facile, plus libre et plus saine que celle
des sociétés civilisées, si l’on fait évidemment abstraction des élites.
Ce que nous offre cette histoire profonde, c’est une véritable écologie politique des formes primitives d’aménagement
du territoire, de l’autodomestication paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et
épidémiologiques de la sédentarisation et des logiques de la servitude et de la guerre dans le monde antique.
Le succès des livres de Jared Diamond (Effondrement) ou de Yuval Harari (Sapiens) témoigne de l’intérêt très vif du
lectorat français pour cette période cruciale qui s’étend de la naissance de l’agriculture à la formation des premiers
centres urbains, puis des premiers États. Reste que ces ouvrages accessibles au grand public cultivé échouent à
restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et
anthropologiques qui se sont alors déployées. C’est cette lacune que veut remplir l’ouvrage du grand anthropologue
James C. Scott. Une fresque omnivore et iconoclaste qui révolutionne une bonne partie des grands récits sur
l’évolution de l’humanité et sur ce que Rousseau nommait l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.

Mise en vente : 03/01/2019
Homo domesticus
Une histoire profonde des premiers États
James C. SCOTT
Préface de Jean-Paul DEMOULE
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc SAINT-UPÉRY
Sciences humaines – 300 pages – 23,00 €
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James C. Scott est professeur de sciences politiques et d’anthropologie à l’université de Yale. Trois de ses livres ont été traduits en
français : La Domination et les Arts de la résistance (Amsterdam, 2009), Zomia (Seuil, 2013) et Petit éloge de
l’anarchisme (Lux, 2013).
Jean-Paul Demoule est Professeur émérite de protohistoire européenne à l’université de Paris I Panthéon- Sorbonne. Il a récemment
codirigé l’ouvrage Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances (La Découverte,
2018).

James C. SCOTT, Préface de Jean-Paul DEMOULE

La Découverte

2019