L’incroyable histoire de Panama Al Brown,
Champion du Monde de boxe et amant de Cocteau
Prenez un gamin des rues de Colòn,
Prenez un boxeur prodige, champion du monde,
Prenez un dandy jazz de Harlem,
Prenez le roi des nuits parisiennes,
Prenez la muse d’un poète,
Noyez le tout dans un magnum de Mumm Cordon rouge,
Vous obtiendrez le cocktail le plus énigmatique des années 30,
Panama Al Brown,
Un cocktail noir comme l’encre,
Aux saveurs trop amères pour un monde où noir et blanc se diluent mal…
21,5 x 29 cm – 168 pages en n/b sur papier de création – 24,00 e – 6 SEPT 2017
ALEX W. INKER est diplômé en 2006 de l’Institut Saint-Luc de Bruxelles en Bande dessinée, titulaire d’un Master 2 de cinéma. En plus de son activité de dessinateur, auteur, il est professeur à l’université de Lille 3 où il enseigne à ses élèves les liens entre cinéma et BD. Il est l’auteur talentueux du très remarqué APACHE en 2016. Panama Al Brown est sa 2e BD chez Sarbacane.
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L’esclave, tel qu’on se le représente généralement c’est tantôt l’homme-bétail de l’Antiquité, pliant le genou sous les coups de fouet des pharaons, tantôt l’homme-machine de l’époque contemporaine, chaînes aux pieds dans les plantations de coton nord-américaines… Quant au Moyen Âge, on l’a longtemps cru réservé à un autre type de subordination, celle du serf, attaché à la terre et au seigneur.
Or, à rebours de ces idées reçues, la chute de l’Empire romain est loin d’avoir marqué la fin de l’esclavage. Bien au contraire, les nombreux conflits du temps, des intrusions mongoles aux raids vikings, ont assuré la pérennité de cet asservissement de l’homme par l’homme : du bassin méditerranéen aux confins septentrionaux en passant par les terres byzantines, l’esclavage fut un phénomène très largement répandu durant les mille ans que dura l’époque médiévale.
Slaves transitant vers les contrées méridionales, populations d’Afrique noire vendues par les commerçants ibériques, chrétiens en terre d’islam, musulmans en terre chrétienne, les esclaves sont partout, aussi bien en ville qu’à la campagne, affectés à des tâches domestiques, artisanales, industrielles, dans une diversité de situations et de statuts qui a longtemps dissuadé les historiens de considérer le phénomène dans son ensemble – c’est précisément le défi que relève aujourd’hui cet ouvrage pionnier.
Accroche
« Painter, une historienne réputée de Princeton, a écrit une œuvre très originale : une histoire intellectuelle de la race blanche, pour un large public. Un livre éclairant et vivant. » New York Times, 28 mars 2010
« Painter a raison de nous rappeler que la blancheur a été construite pendant des siècles sur la base de la tromperie, de la confusion et des impératifs politiques déguisés. Dans l’ère d’Obama – l’ère du Tea Party – la blancheur est plus évidente à voir que jamais, ce qui signifie qu’elle est moins facilement considérée comme un acquis. » The New Yorker, 12 avril 2010
Points forts
– Un point de vue renvervé : ce n’est plus la négritude qui pose question mais la blanchitude.
– Une historienne qui repense les concepts de l’histoire raciale. Une intellectuelle de l’université de Princeton, au cœur des débats contemporains sur la race
– Une écriture limpide et des exemples pris à plusieurs époques et dans divers pays.
Présentation
La notion de race fait un retour violent dans le langage et les conflits sociaux en France, comme si le sujet avait été refoulé, alors que les États-Unis n’ont pas cessé de s’y confronter. Les minorités visibles n’hésitent plus à revendiquer leur couleur ou leur identité racisée. L’historienne afro-américaine, Nell Irvin Painter, adopte un point de vue révolutionnaire : au lieu d’étudier la négritude, elle interroge la construction de la notion de race blanche, depuis les Scythes de l’Antiquité jusqu’aux catégories raciales utilisées dans l’Occident d’aujourd’hui.
Elle étudie la manière dont la désignation de Blancs et de Non-Blancs a évolué selon les croyances politiques et la représentation des corps. Elle montre les constructions du regard sur la couleur, et leurs liens avec les critères esthétiques de la beauté féminine. Elle étudie les passages entre les pensée américaines et européennes au XIXe siècle. Elle analyse les catégories raciales qui définissent les identités aujourd’hui.
Bio Auteur
Formée à l’université de Berkeley, et aussi à l’université de Bordeaux, Nell Irvin Painter est diplômée de Harvard. Professeure d’histoire à l’université de Princeton, elle est spécialiste de l’histoire du Sud des États-Unis. Parmi ses livres les plus connus figurent « The History of White People » (Norton 2011), « Creating Black Americans : African-American History and its Meanings. 1619 to the present » (Oxford 2005), « Southern History Across the Color Line » (UNC 2002), « Standing at Armageddon : The United Stats, 1877-1919 » (Norton 1989).
Informations pratiques :
Prix : 22,90 euros / ISBN : 978-2-315-00811-7/ Parution : 31 janvier 2019.
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Quand les cartes influencent notre vision du monde
La Terre est ronde, mais les cartes sont plates… Le postulat de départ est donc simple : les cartes nous mentent !
La projection choisie, la simplification cartographique, le choix des échelles, la volonté de mettre en avant tel ou tel élément, toutes les cartes déforment plus ou moins la réalité, ne serait-ce que pour le choix des couleurs, jusqu’à les rendre parfois complètement fausses, par exemple pour en faire un outil de propagande. Heureusement, l’évolution des techniques de cartographie aide aujourd’hui à diminuer les risques et à corriger les erreurs.
Illustré de plus de 130 cartes, cet ouvrage offre une vraie réflexion sur les cartes qui nous entourent au quotidien, et permet de les regarder avec un autre oeil ! Mark Monmonier est professeur de géographie à l’université de
Syracuse (État de New York).
Claire Fercak
Tél. : 01 40 51 31 26
claire.fercak@autrement.com
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Être africain ou afrodescendant, c’est provenir d’un peuple dont l’humanité fut contestée sur les plans juridique, scientifique, philosophique, théologique, économique, psychiatrique. On n’en continue pas moins à exiger des Afrodescendants qu’ils cessent de « ressasser », de « ruminer » l’histoire coloniale, répétant ainsi une vieille injonction esclavagiste à l’oubli des ancêtres et à la méconnaissance de la communauté d’origine.
Pourquoi prendre la question sous l’angle de la dignité ? La dignité est ce que le Blanc essaie d’abolir lorsqu’il exerce sa violence sur le Noir. Mais c’est aussi ce dont le Blanc se prive lui-même lorsqu’il exerce sa violence sur le Noir. Enfin, c’est ce que le Noir réaffirme collectivement lorsqu’il s’engage contre la domination blanche. Lorsque la dignité d’un jeune Noir est prise d’assaut, lorsqu’il est violé ou assassiné par les représentants de l’État, c’est une longue histoire de luttes, de conquêtes et d’affirmation d’une humanité africaine qui vacille et tremble sur ses bases.
La Dignité ou la Mort propose une implacable analyse critique de la tradition philosophique européenne. Mais c’est pour mieux renouer avec l’histoire méconnue de la pensée radicale des mondes noirs. Les révoltes d’esclaves, la négritude, les usages révolutionnaires du christianisme en Amérique du Nord et en Afrique du Sud, l’ontologie politique seront autant d’étapes d’un véritable parcours de libération.
La dignité est la capacité de l’opprimé à tenir debout entre la vie et la mort.
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Françoise vergès
en librairie le 15 février 2019
Pourquoi le terme « féministe » est-il librement approprié à la fois par l’extrême droite, la gauche, et le capitalisme ? Dans un contexte, où les notions de féminisme et d’égalité sont vidées de leur sens hier radical, que peut signifier être féministe aujourd’hui ? Quels sont les combats à mener ? Comment mettre au coeur des luttes des femmes l’antiracisme, l’anticapitalisme et l’anti-impérialisme ?
Françoise Vergès s’attache d’abord à interroger les deux récits médiatiques qui dominent l’histoire du mouvement des femmes des années 1970 en France, l’un qui parle d’un mouvement qui aurait mené à une reconnaissance de la place des femmes françaises dans la république avec ses valeurs de laïcité et d’égalité, l’autre qui dénonce un mouvement qui aurait été exclusivement « blanc » et essentiellement intéressé par la liberté sexuelle. Reconnaissant une profonde asymétrie entre ces deux récits, Françoise Vergès questionne cependant les causes de l’effacement de féminismes radicaux et anticoloniaux, antiracistes et anti-impérialistes des années 1970. Il faut en effet analyser comment le féminisme étatique contribua à la pacification du mouvement radical en faisant des discriminations et de la loi l’objectif des luttes ; comment il transforma le contrôle des naissances dans le Sud global ou auprès des femmes pauvres et immigrées et l’intégration des femmes racisées dans le monde du travail globalisé en politiques de la sororité. Il a su faire de l’intégration des femmes dans le monde du travail et dans celui de l’éducation la mesure du progrès des gouvernements et des institutions internationales. Le féminisme carcéro-punitif a pris peu à peu une place majeure, donnant au tribunal et à la police le rôle de protéger les femmes des discriminations et des abus, ignorant l’analyse sociale et politique. Violences domestiques et sexuelles sont devenus le fait d’individus isolés, enfermés dans une pathologie de masculinités arriérées et n’ont plus été analysées comme faits sociaux. En faisant
disparaître le radicalisme des mouvements de femmes des années 1970 qui furent portés par l’énergie des grandes luttes anti-impérialistes et antiracistes pour passer à un féminisme de la pacification, c’est le désir de faire éclater les structures qui est effacé.
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Par Pascal BONIFACE
160 pages
16 €
> en librairie le 17 janvier
Durant la guerre froide, le bloc occidental, opposé au bloc communiste dont il craignait l’expansionnisme asservissant, était une entité géopolitique cohérente qui menait un combat justifié pour préserver sa liberté. Mais aujourd’hui, le concept de monde occidental est-il encore pertinent ? Continuons-nous, avec ou sans Trump, à être guidés par les mêmes valeurs que les États-Unis ? L’OTAN a-t-elle pour objectif de nous préserver contre la menace russe ou de l’entretenir artificiellement, afin de maintenir l’Europe dans un état de dépendance à l’égard de Washington ? Par leur comportement hégémonique, les États-Unis ne sont-ils pas autant source d’insécurité que de sécurité ?
Cet ouvrage salutaire appelle à revisiter les liens transatlantiques, historiquement dépassés, mais savamment entretenus par suivisme et par aveuglement. L’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis en est l’illustration actuelle la plus flagrante : va-t-on saisir cette occasion pour se réinventer ? Les outrances de Trump vont-elles réveiller les Européens ou ces derniers vont-ils demeurer dans un état de somnambulisme stratégique ?
Pascal BONIFACE est directeur-fondateur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et fondateur de l’école IRIS Sup’. Il enseigne également à l’Institut d’études européennes de Paris-VIII. Il est déjà l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages sur les relations internationales, les questions nucléaires, la géopolitique du sport ou la politique étrangère française.
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Un jour de juin 2014, un homme s’assoit par terre au milieu des migrants qui ont fui les guerres, les dictatures et les persécutions. Il les écoute, prenant la mesure de la situation humanitaire de la « jungle » de Calais. Il s’agit de Pascal Brice, diplomate, petit-fils de réfugiés. En prenant la tête de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) en 2012, il trouve une administration à bout de souffle, qui a vu les demandes doubler en cinq ans, quand l’attend encore une crise de l’asile en Europe d’une ampleur sans précédent. Alors, il décide de tout faire pour améliorer le sort de ces personnes meurtries par la violence de l’exil, en les aidant à surmonter les obstacles qui se dressent devant eux avant de pouvoir obtenir la protection de la France.
De Lampedusa à Calais, de Lesbos à Munich, d’Agadez à Valence avec l’Aquarius, en passant par Beyrouth et Paris, Pascal Brice nous fait découvrir les destins des migrants, les visages de celles et ceux qui les accompagnent, les conflits qui bouleversent le monde, l’atmosphère des campements, loin des clichés. Il nous rappelle combien il reste nécessaire et possible d’agir en ces temps de doutes sur notre capacité à accueillir. Le récit inédit d’une aventure humaine autant que d’un combat pour que la France et l’Europe soient pleinement un refuge.
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L’histoire des Africains et des peuples d’ascendance africaine, une histoire intrinsèquement complexe, est au cœur de l’histoire de l’humanité. On ne peut raconter correctement l’histoire de la modernité sans accorder toute l’attention nécessaire au continent africain et aux peuples d’origine africaine. Cet ouvrage rapporte six siècles d’histoire des peuples noirs depuis 1400, lorsque s’établirent entre eux des liens à l’échelle mondiale, et qu’ils connurent la servitude, l’industrialisation, et l’urbanisation. Plus qu’une histoire des différentes régions ou nations, il s’agit ici d’une histoire des liens réciproques des peuples à travers l’Afrique, les Amériques, l’Europe, et l’Asie.
Lire la suiteUne économie politique du populisme
En librairie le 03/01/2018
Pierre-Noël Giraud est professeur d’économie à l’École des mines de Paris et à l’université Paris-Dauphine. Il est l’auteur d’ouvrages d’économie qui ont fait date, dont L’Inégalité du monde (1996), Le Commerce des promesses (nouvelle édition en 2009) et, plus récemment, L’industrie française décroche-t-elle ? (2013).
Les « damnés de la terre » aujourd’hui, ce sont les hommes inutiles : non pas ceux qui sont surexploités et dont la force de travail est sous-payée, mais ceux qui ne trouvent pas à l’employer ou si peu, ceux qui – chômeurs, travailleurs précaires, paysans sans terre – sont réduits à survivre de l’assistance publique ou familiale. L’inutilité est la pire forme des inégalités, car elle enferme dans des trappes dont il devient impossible de sortir.
Dans la première édition de ce livre publiée en 2015, Pierre-Noël Giraud a imposé le concept d’inutilité en montrant qu’il était tout aussi central pour nos sociétés que la question de l’environnement. La montée des populismes, la victoire de Trump aux Etats- Unis et celle du Brexit confirment son diagnostic : les populismes se nourrissent de l’accroissement des inégalités et de l’inutilité, et il faut les combattre sur ce terrain.
Dans cette deuxième édition, Pierre-Noël Giraud insiste sur les politiques publiques qui peuvent rompre avec la spirale de l’inutilité. Les risques sociaux et politiques de celle-ci sont énormes – guerres civiles, migrations, populismes. C’est pourquoi il préconise de mesurer l’efficacité des politiques publiques à l’aune de cet objectif : faire en sorte qu’il n’y ait plus d’inutiles.
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Patrick BOUCHERON, Nicolas DELALANDE, Florian MAZEL, Yann POTIN, Pierre SINGARAVÉLOU
En librairie le 20 septembre 2018
1088 pages – 14.5 €
La reprise en poche d’un livre-événement, augmentée de 15 textes inédits.
Face aux crispations identitaires qui dominent aujourd’hui le débat public, comment défendre une conception ouverte et pluraliste de l’histoire ? Et faut-il pour cela abandonner l’objet « Histoire de France » aux récits simplificateurs ?
À ces questions, les historiennes et historiens engagés dans cette aventure éditoriale ont tenté d’apporter des réponses simples et concrètes. Elles tiennent dans la forme même du livre : une histoire de France, de toute la France, en très longue durée, qui mène de la grotte Chauvet aux événements de 2015. Une histoire qui ne s’embarrasse pas plus de la question des origines que de celle de l’identité, mais prend au large le destin d’un pays qui n’existe pas séparément du monde qu’il prétend même parfois incarner tout entier.
Directeur d’ouvrage : Professeur au Collège de France, Patrick Boucheron est l’auteur, entre autres, de Léonard et Machiavel (Verdier, 2008, rééd. « Poche » 2013) et de Conjurer la peur. Essai sur la force politique des images, Sienne, 1338 (Seuil, 2013, « Points Histoire », 2015). Il a dirigé L’Histoire du monde au XVe siècle (Fayard, 2009, rééd. « Pluriel » 2012).
Coordinateurs : Nicolas Delalande, Florian Mazel, Yann Potin et Pierre Singaravélou.
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LE LIVRE :
« Trois jeunes femmes étaient assises, non loin de moi, dans un restaurant. L’une a dit: « Je n’ai jamais couché avec un…enfin tu vois…un Jaune ». « Moi, c’est avec un Noir que je n’ai jamais couché » a dit la seconde. « Faut dire qu’ils sont équipés! » a renchéri la troisième, « Les Noires, elles, elles peuvent, elles ont des grands vagins. » « Ah bon? » a dit la seconde. « Bah, oui, c’est comme pour les femmes… enfin… les Asiatiques, elles ont des sexes plus courts, c’est prévu pour. » Ce jour-là, j’ai donc appris que, comme toutes les Noires, j’avais un grand sexe.
Oui, mais qu’est-ce qu’une Noire?
J’essaie de me souvenir du temps où je n’étais pas Noire, mais seulement noire, sans majuscule. Un adjectif, pas un nom. Une simple couleur. Je passe en revue les souvenirs, la cité, l’école, les premiers boulots…Mais dans toutes ces images, je suis déjà Noire.
Alors, qu’est-ce qu’une Noire? D’ailleurs, est-ce que ça existe?
Et si les Noirs (et tous ceux dont on peut parler en ayant l’illusion qu’en mettant une majuscule on a tout dit d’eux) n’existaient pas? »
T. de M.
L’AUTEUR :
Tania de Montaigne est romancière et journaliste. On lui doit notamment : Patch (Florent Massot Présente, 2001), Tokyo c’est loin (Flammarion, 2006), Les Caractères sexuels secondaires (Flammarion, 2009) et Toutes les familles ont un secret (Flammarion, 2014). Chez Grasset, elle est l’auteur de Noire (2015), Prix Simone Veil 2015.
ATTACHÉE DE PRESSE :
Attachée de presse Paris, province, Suisse, Belgique : Myriam Salama : msalama@grasset.fr / 01.44.39.22.16
Assistante : Anne Vuksanovic : avuksanovic@grasset.fr / 01.44.39.22.10
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UN ESSAI INÉDIT DE JAMES BALDWIN SUR LE CINÉMA
Paru aux États-Unis en 1976 et jusqu’ici inédit en français, Le Diable trouve à faire révèle une autre facette du grand écrivain James Baldwin : celle d’un critique au regard incisif, attaché à explorer les fantasmes, illusions et préjugés des films qui ont marqué sa vie.
Dans son style à la fois vif et lyrique, il parcourt ses premiers souvenirs de cinéma, indissociables des difficultés familiales et de sa découverte de la société dans laquelle il vit. Naissance d’une nation, Lawrence d’Arabie, Devine qui vient dîner…, Dans la chaleur de la nuit, L’Exorciste, ou encore le physique de Bette Davis sont autant d’occasions de confronter son monde à celui d’Hollywood, et de constater le gouffre qui les sépare.
EXTRAIT
« Mon amie Ava Gardner m’a demandé un jour si je pensais qu’elle pouvait incarner Billie Holiday au cinéma. Je dus lui répondre que, même si elle avait sans doute tout ce qu’il fallait pour ça – elle était assez courageuse, honnête et belle -, il était presque certain qu’on ne le tolérerait pas, puisqu’il était de notoriété publique que Billie Holiday était noire et qu’elle, Ava Gardner, était blanche. Ce n’était pas vraiment une plaisanterie, ou alors une plaisanterie amère, car je connais assurément certaines filles noires bien plus blanches qu’Ava. »
Écrits à Saint-Paul de Vence à la fin de sa vie, ces mémoires très littéraires qui font écho au texte de I Am Not Your Negro occupent une place unique dans l’oeuvre de Baldwin. Ils sont aussi une forme de critique cinématographique inconnue de ce côté de l’Atlantique. Aux États-Unis, la vision du cinéma que propose Baldwin a été un véritable électrochoc pour la presse et de nombreux penseurs, tant il passe à l’acide les archétypes du Noir et du Blanc que Hollywood a largement contribué à banaliser.