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L’esclavage raconté à ma fille

 

Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Christiane Taubira a été députée de Guyane de 1993 à 2012, mandat pendant lequel elle a rédigé en 2001 la proposition de loi visant à reconnaître la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité.

« La traite et l’esclavage furent le premier système économique organisé autour de la transportation forcée de populations et de l’assassinat légal pour motif de liberté, pour marronnage. Ce système a perduré pour l’Europe durant plus de quatre siècles, pour la France durant plus de deux siècles.
Il ne s’agit pas de se morfondre ni de se mortifier, mais d’apprendre à connaître et respecter l’histoire forgée dans la souffrance. D’appréhender les pulsions de vie qui ont permis à ces millions de personnes réduites à l’état de bêtes de somme de résister ou simplement de survivre. Il s’agit de comprendre cette première mondialisation qui a généré des relations durables entre trois puis quatre continents.

Ces événements doivent être enseignés, que l’on sache qu’il y eut, dès les premiers temps, résistance sur place et solidarité transcontinentale. Interrogeons cette histoire afin que les jeunes générations détectent les liens entre le racisme ordinaire et ses sources dans le temps, et qu’elles comprennent que la République a besoin de leur vigilance et de leur exigence. Choisissons une éducation qui prépare à l’altérité et qui porte l’empreinte de la vérité, de la justice, de la fraternité. »
Traite et exploitation des êtres humains, colonisation, luttes pour la liberté, réflexion sur la notion de crime contre l’humanité, formes contemporaines de l’esclavage : une mère engagée répond aux nombreuses questions de sa fille. De ce dialogue s’est construit, au fil des étonnements, indignations et admirations, un livre aussi passionnant que nécessaire.

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Les luttes et les rêves

Une histoire populaire de la France, de 1685 à nos jours

 

1685, année terrible, est à la fois marquée par l’adoption du Code Noir, qui établit les fondements juridiques de l’esclavage « à la française », et par la révocation de l’édit de Nantes, qui donne le signal d’une répression féroce contre les protestants. Prendre cette date pour point de départ d’une histoire de la France moderne et contemporaine, c’est vouloir décentrer le regard, choisir de s’intéresser aux vies de femmes et d’hommes « sans nom », aux minorités et aux subalternes, et pas seulement aux puissants et aux vainqueurs. C’est cette histoire de la France « d’en bas », celle des classes populaires et des opprimé.e.s de tous ordres, que retrace ce livre, l’histoire des multiples vécus d’hommes et de femmes, celle de leurs accommodements au quotidien et, parfois, ouvertes ou cachées, de leurs résistances à l’ordre établi et aux pouvoirs dominants, l’histoire de leurs luttes et de leurs rêves.

 

Pas plus que l’histoire de France ne remonte à « nos ancêtres les Gaulois », elle ne saurait se réduire à l’« Hexagone ». Les colonisés – des Antilles, de la Guyane et de La Réunion en passant par l’Afrique, la Nouvelle-Calédonie ou l’Indochine – prennent ici toute leur place dans le récit, de même que les migrant.e.s qui, accueilli.e.s « à bras fermés », ont façonné ce pays.

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